Fondateur de l’éco-pâturage, Alain Divo enseigne l’agro-écologie aux étudiants de l’ISE depuis 2016. Formé à l’agriculture, à l’architecture du paysage et à l’ornithologie, ce spécialiste intervient auprès des étudiants du Bachelor Environnement et du BTSA Gestion et Protection de la Nature. L’idée de ses cours : inciter à la réflexion et à l’ouverture du champ d’horizon de ces jeunes passionnés d’environnement, quitte à érafler quelques-unes de leurs croyances au passage.

Agro-écologie : enjeux et définition d’un concept en plein essor

Face aux impérieux enjeux du développement durable, l’agro-écologie gagne du terrain… doucement. De plus en plus de jeunes agriculteurs et employés du secteur de l’environnement adoptent des méthodes dites alternatives, c’est-à-dire différentes des techniques de l’agriculture « conventionnelle ».

Le principe de l’agro-écologie consiste à mettre en place des systèmes de production s’appuyant sur le fonctionnement même des écosystèmes. L’agro-écologie se traduit donc par une multitude de pratiques permettant de préserver la biodiversité et les ressources naturelles et de diminuer les pressions exercées sur l’environnement.

L’agro-écologie enseignée aux étudiants de l’ISEEt il y a urgence, comme le souligne Alain Divo, enseignant à l’ISE. « Les études scientifiques montrent que dans 7 ans, 50% des insectes et 26% des oiseaux vont disparaître. 7 ans, c’est demain ! ». Initier un virage radical et profond des pratiques agricoles et environnementales commence par une prise de conscience des futurs professionnels sur les bancs des amphithéâtres.

C’est cette mission que s’est donnée Alain Divo, enseignant à l’ISE depuis 2016.

Des techniques et méthodes alternatives enseignées à l’ISE

Lors de sa formation initiale en agriculture dans les années 1991, Alain Divo ne se retrouve pas dans les techniques apprises, s’appuyant sur l’utilisation d’intrants dans les cultures, comme les produits phytosanitaires. « Je me suis rendu compte qu’il y avait d’autres chemins à prendre ». Diplômé en paysagisme, il monte ensuite une entreprise du paysage et de l’agricole urbain « pour instaurer un équilibre dans tout ça ».

Auteur d’un livre* sur l’éco-paysage, Alain Divo a eu envie de transmettre. Et ses cours, favorisant l’interaction, ne laissent pas les étudiants indifférents. « J’aime faire réagir les étudiants, les déstabiliser en allant à l’encontre de convictions qui les animent profondément », affirme le professeur.

Pour créer le débat, la discussion, la réflexion, Alain Divo égratigne au passage quelques croyances et préjugés. « Je leur dis par exemple que non la vache n’est pas herbivore, mais microphage car ce qui la nourrit, ce sont les bactéries contenues dans ses estomacs.  Je leur explique qu’un arbre ne pompe pas l’eau par les racines, mais par un champignon en forme de filament qui est dans la racine… Ou encore que le labour bouleverse totalement le précieux équilibre du millefeuille de la terre et donc que cette opération détruit la totalité de la vie du sol. Depuis des années, on leur répète le contraire, ils sont donc souvent déstabilisés ».

Permaculture, phénoculture, techniques culturelles simplifiées, Alain Divo propose à ses étudiants des solutions alternatives, pour obtenir les mêmes résultats. Au-delà des savoirs et savoir-faire, ce sont aussi des valeurs que l’enseignant vise à inculquer à ses étudiants : esprit critique, tolérance, humanisme, ouverture d’esprit. « À l’ISE, l’idée est de montrer qu’il y a plusieurs chemins possibles et pas de pensée unique. Ensuite, à eux de choisir leur chemin en connaissance de cause ».

*Traité d’éco paysage : Franck Jault, Alain Divo, préfacé par Marie Pruvost et Jean-Marie Pelt, Librairie Eyrolles, paru en 2013.