Après avoir légiféré une première fois en matière de RSE avec la directive de 2014, les institutions de l’UE ont voté en 2022 la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). Il s’agit d’une évolution perfectionnée du reporting extra financier déjà rendu obligatoire (NFRD pour “Non Financial Reporting Directive”), afin d’aligner les activités économiques avec les objectifs de la transition écologique, en améliorant la qualité des données sur les émissions de gaz à effet de serre et l’empreinte carbone. Si cette nouvelle obligation est louable pour les entreprises, elle a récemment connu des évolutions majeures, notamment avec la Directive Omnibus adoptée en début d’année 2025. Ces ajustements ont rehaussé les seuils d’application et décalé les échéances pour un nombre significatif d’entreprises. Cependant, loin de diminuer l’importance du sujet, ces évolutions soulignent la nécessité pour toutes les entreprises, qu’elles soient directement soumises ou non, de comprendre les enjeux du reporting de durabilité. Car au-delà de la contrainte réglementaire, la démarche CSRD et ses principes offrent des opportunités stratégiques et économiques que nous vous détaillons ici.

Défi n°1 : Se sentir concerné même si l’entreprise n’est pas astreinte au reporting extra-financier

Etat des lieux

Lors de la création du premier dispositif français (loi NRE de 2001), environ 600 entreprises étaient concernées. Avec la CSRD, le périmètre initialement envisagé atteignait 50 000 entreprises européennes. Cependant, suite à l’adoption de la Directive Omnibus en janvier 2025, les seuils d’application ont été revus à la hausse, réduisant le nombre d’entreprises directement soumises.

Ainsi, une grande entreprise est désormais concernée si elle dépasse au 1er janvier 2025 (pour un reporting en 2028) deux des trois critères suivants : plus de 1000 salariés ET (25 millions d’euros de bilan OU 50 millions d’euros de chiffre d’affaires). Les PME cotées seront visées plus tardivement.

Notre conseil

Quelle que soit la taille ou le statut de votre société, et même si vous n’êtes pas directement soumis à la CSRD selon les derniers seuils, le rapport de durabilité est une démarche stratégique incontournable. Il ne s’agit pas seulement d’une conformité réglementaire, mais d’un puissant outil d’analyse et d’amélioration continue. Commencer à travailler sur un reporting extra financier inspiré des principes de la CSRD permet :

  • d’identifier ses forces et ses faiblesses,
  • de réaliser des économies en termes d’empreinte carbone,
  • mais aussi d’optimiser ses processus techniques et financiers.

Anticiper cette démarche vous apportera un gain en efficacité, en opérationnalité, renforcera votre attractivité auprès des partenaires (banques, investisseurs, clients) et vous permettra alors de générer des économies substantielles

Défi n°2 : Structurer les démarches et trouver des personnes expertes et formées en méthodologie

Etat des lieux

Rendre un rapport CSRD c’est bien…mais encore faut-il le concevoir et le rédiger ! Qui, dans l’entreprise, est apte à se conformer à cet exercice exigeant ? Il est clair que les entreprises n’ont pas toujours les profils adéquats ou les connaissances nécessaires dans leurs effectifs pour se plier au reporting extra financier poussé qu’est la CSRD.

En outre, il ne s’agit pas d’un exercice isolé qui peut être réalisé sans le concours des uns et des autres pour accéder à l’information ni dans une temporalité limitée : il s’agit d’un exercice sur le moyen ou long terme qui demande une démarche structurée où les différents acteurs mettent en place des rapports unifiés autour d’un même schéma de pensée et d’indicateurs directement liés aux demandes de la législation. En clair, cela demande un peu d’organisation et de méthodologie.

Quelles sont les compétences requises pour la conception du rapport CSRD ?

  • Compétences techniques : Maîtrise des normes ESG, connaissance des outils de collecte et d’analyse de données, expertise en matière de reporting financier.
  • Compétences méthodologiques : Capacité à mener des analyses de matérialité, à définir des indicateurs pertinents, à structurer un rapport complexe.

Nos conseils

Faites appel à un expert

Faites appel à un professionnel expert en la matière qui pourra vous guider sur les différentes étapes de réalisation du rapport CSRD. Outre sa réalisation du rapport, il pourra également vous aider à mettre en place la méthodologie adaptée à votre structure pour répondre aux exigences du rapport.

Structurez vos services

Les différents services de l’entreprise concernés par le rapport doivent se coordonner pour livrer les données nécessaires à la ou aux personnes responsables du rapport CSRD. La mise en place d’outils collaboratifs est alors vivement conseillée s’ils ne sont pas encore utilisés au sein de votre organisation.

Formez vos effectifs

En fin de compte, vous pourrez continuer à faire appel à un service externe (consultant ou cabinet de conseil) pour réaliser le rapport ou former une petite équipe en interne pour le réaliser à chaque échéance.

Le saviez-vous ? L’ISE, Institut Supérieur de l’Environnement, école pionnière dans la transition écologique, propose une formation thématique entièrement dédiée à la construction du rapport CSRD, pertinente pour toutes les entreprises souhaitant maîtriser le reporting de durabilité, obligatoire ou non.

Mettez à jour les missions de chacun suivant cette réorganisation

Si vous formez des effectifs en interne, vous devrez prendre en compte cette charge de travail non négligeable. Vous devrez également mettre à jour leur fiche de poste ainsi que leurs plannings et différentes missions en fonction de cet élément nouveau qui viendra chambouler leur organisation habituelle.

Pas d’inquiétude ! Une fois cette mise en place réalisée, vous pourrez adapter votre entreprise à cette nouvelle contrainte pour en faire un levier opérationnel qui vous permettra d’optimiser votre processus d’amélioration continue qui sera prolifique pour l’organisation.

Défi n°3 : Naviguer à vue malgré des normes sectorielles que l’on n’a pas encore

Etat des lieux

Si les normes ESRS, qui fournissent un cadre d’application général aux entreprises quels que soient leur taille ou leur secteur d’activité, ont été publiées en 2023, ce n’est pas le cas des normes spécifiques à certains secteurs d’activité. Plusieurs secteurs comme le textile, le transport routier, l’exploitation minière, le pétrole, le gaz ou encore l’automobile, l’agriculture et l’alimentation peinent ainsi à recevoir le détail des normes sectorielles qu’ils doivent respecter et dont ils devront rendre compte dans leurs rapports CSRD.

Ainsi, l’évolution du contexte réglementaire, du contexte politique, mais aussi la consultation des parties prenantes ou encore la complexité de la tâche retardent la livraison de ces données par l’EFRAG, pourtant tant attendues par les entreprises priées de rendre leur rapport. Malheureusement, ces retards mettent les entreprises concernées dans l’embarras : en retardant la définition et la communication des normes sectorielles, l’EFRAG laisse les entreprises dans l’incertitude et leur fait risquer une non conformité, les exposant finalement à des sanctions, si les délais sont tenus.

Notre conseil

Le sujet qu’est la CSRD est délicat tant il est intimement lié aux bouleversements politiques, nombreux en France actuellement mais aussi à l’échelle européenne. C’est donc un sujet qui nécessite une veille constante, puisqu’il est appelé à connaître des évolutions subites et régulières. Toute formation sur le sujet CSRD doit également inclure une veille continue sur le sujet :

  • définir des alertes sur les mots-clés via Google,
  • suivre des personnalités influentes sur le sujet via Linkedin et
  • s’informer via des sites web spécialisés doivent désormais devenir une habitude quotidienne.

Vous pouvez également mandater votre consultant pour vous tenir au courant en temps réel des dernières nouvelles sur le sujet.

De plus, dans le climat politique incertain et des évolutions juridiques dont il est peut être à l’origine, structurer sa veille juridique semble impératif. Pour les entreprises non soumises mais souhaitant s’engager, cette veille est d’autant plus stratégique qu’elle permet d‘adapter leur démarche de reporting aux meilleures pratiques émergentes, sans la contrainte des délais réglementaires.

Défi n°4 : Un contexte politique en pleine mutation, mais une valeur avérée et défendue par les acteurs économiques

Etat des lieux

Des antécédents complexes

Des antécédents compliqués et un contexte géopolitique changeant ont souvent fait planer le doute sur la pérennité du reporting extra financier et notamment sur la CSRD. Les récents ajustements des seuils via la directive Omnibus ou encore les discussions sur un éventuel assouplissement permettent au doute de subsister. Néanmoins, les acteurs économiques eux-mêmes défendent le dispositif de reporting extra financier appelant à opter pour une “simplification intelligente”. De grandes entreprises comme EDF, Nokia et Ikea, ainsi que des investisseurs majeurs, défendent activement la CSRD et le devoir de vigilance, soulignant leur rôle crucial pour fournir des données fiables aux investisseurs, réduire les risques et favoriser les plans de transition climatique. Elles reconnaissent ainsi que la CSRD offre une opportunité d’optimiser les process internes, de faire des économies substantielles et de renforcer la réputation et l’attractivité de l’entreprise.

Un contexte géopolitique instable : de la menace à l’opportunité

  • Le renouvellement du Parlement européen de juin 2024 est marqué par un nouvel équilibrage des pouvoirs en son sein moins favorable à l’environnement et aux questions de RSE.
  • Le renouvellement de l’Assemblée Nationale, à la suite de la dissolution prononcée par le président de la République, est marqué par une absence de majorité stable pour tout gouvernement désigné par le président de la République. Les Premiers ministres qui se succèdent semblent montrer être peu attachés à la protection de l’environnement et aux enjeux de RSE. Tout cela crée de l’instabilité. Cela met la CSRD dans une position délicate. C’est aussi le cas d’autres législations RSE (devoir de vigilance en France et directive CS3D).
  • L’accession de Donald Trump au pouvoir aux Etats-Unis et sa sortie des Accords de Paris dès son premier jour de mandat ainsi que ses premières directives ne présagent pas non plus un climat propice à l’éveil des consciences et à la compétitivité des puissances mondiales en termes de décarbonation et de développement durable.

L’instabilité créée par les remaniements politiques de ces derniers mois est marquée néanmoins par la volonté de nombreuses entreprises de se démarquer de manière pro-active en termes de durabilité. Elles affirment ainsi leur leadership en matière de durabilité, même quand la réglementation semble hésiter. Pour les entreprises qui ne sont pas soumises, cela devient un moyen de montrer leur engagement volontaire et d’anticiper les attentes du marché.

L’incertitude politique devient un test de la résilience et de la vision à long terme des entreprises. Celles qui continuent d’investir dans le reporting de durabilité, malgré les signaux parfois contradictoires, démontrent une conviction forte dans les bénéfices de cette démarche. Elles ne se contentent pas de suivre une obligation, mais intègrent la durabilité au cœur de leur stratégie, ce qui est un gage de solidité face aux turbulences.

Notre conseil

Malgré les fluctuations politiques et les ajustements réglementaires autour de la CSRD, une tendance de fond se confirme : la durabilité devient un marqueur de la compétitivité et de la résilience des entreprises. Comme en témoignent de grandes entreprises et investisseurs, le reporting extra financier n’est pas seulement une contrainte, mais une opportunité stratégique nouvelle.

Engager votre organisation dans un reporting inspiré des principes de la CSRD vous permet de réaliser un diagnostic exhaustif de vos activités sous les angles environnemental, social et de gouvernance. Ce bilan complet est une mine d’or pour identifier vos forces et faiblesses, optimiser vos process, et générer des économies substantielles – en termes financiers ou de main d’œuvre. Une démarche proactive et volontaire renforce aussi votre crédibilité, améliore votre attractivité de manière générale, et vous positionne en leader sur les enjeux de la transition.

Découvrir la formation CSRD

;