Armand de Coussergues

Souvent perçue à tort comme étant l’apanage des franges les plus aisées de la société, la lutte en faveur de l’environnement gagne à porter un modèle plus désirable. Il en va de l’efficacité de la réponse collective au défi de la transition.

« La première bataille à mener, c’est la transition écologique ». Voici la priorité fixée début septembre par la Première Ministre Elisabeth Borne à son Gouvernement. Preuve de l’importance croissante de cette thématique dans le débat public et notamment dans le cadre de la lutte contre le chômage, l’ADEME a révélé il y a peu qu’un million d’emplois seraient créés dans le secteur d’ici 2050. Une réalité encourageante qui illustre la nécessité de développer l’accessibilité à ces métiers de la transition écologique.

Le combat en faveur de la planète passe avant tout par la formation et l’inclusion de tous les publics. Ce ne sont pas seulement les cadres ou les catégories socio-professionnelles aisées qui sont concernés. A l’inverse, la transition écologique doit être l’affaire de tous. Sans cela, c’est bien l’efficacité de la réponse à ce défi qui pourrait être menacée. Dès lors, il est temps d’agir pour que les métiers de l’environnement soient plus inclusifs, en s’adressant à tous les publics.

La « green Economy », une opportunité à saisir pour la jeunesse

8,4 millions. Voilà le nombre d’emplois « verts » supplémentaires qui pourraient être créés pour les jeunes d’ici 2030 dans le cadre de la mise en œuvre de politiques en faveur de l’environnement, d’après un récent rapport de l’Organisation Internationale du Travail. Ce chiffre témoigne de l’opportunité offerte aux jeunes de profiter de la vague d’emplois à pourvoir dans les prochaines années en se formant à ces nouveaux métiers qui restent encore méconnus.

Une affirmation confirmée par Pôle Emploi : selon l’organisme, les demandeurs d’emploi positionnés sur les métiers verts sont moins qualifiés que la moyenne. 29% ne possèdent pas ou de diplôme, contre 14% tous métiers confondus. Ce constat fait ressortir la nécessité d’accélérer la formation aux métiers de l’environnement. En pratique, il appartient aux établissements d’enseignement supérieur et professionnel d’intégrer des modules de cours consacrés au développement durable et à ses corolaires.

Faire de l’environnement une source d’épanouissement

La formation aux métiers de l’environnement doit toutefois faire partie d’un projet plus large pour réenchanter le modèle écologique. Alors qu’environ 1 Français sur 2 déclare que l’environnement est une préoccupation majeure, beaucoup perçoivent cet engagement comme une contrainte, un sacrifice personnel, mais aussi professionnel.

L’urgence écologique nous oblige à revoir les modes de vie que nous connaissons en profondeur, mais ouvre la voie à un épanouissement différent. Un bonheur fondé sur des plaisirs moins consuméristes et individualistes, et surtout davantage orientés autour de la nature, la convivialité, le faire soi-même et ensemble

Dans ce contexte, l’une des pistes de réflexion à creuser est peut-être celle de l’écologie positive. Pour impliquer l’ensemble de la société, particuliers et entreprises, sur la durée, il appartient à tout un chacun et avant tout aux pouvoirs publics, d’agir pour changer de paradigme et créer les conditions favorables à l’avènement d’une économie de la transition.

Par exemple, plutôt que d’inviter les Français de réaliser leur lessive à une certaine heure, dans un souci d’économie d’énergie, pourquoi ne pas les accompagner avec des solutions moins consommatrices ? Financer et développer des programmes développant un électroménager moins énergivore ou renforcer les sources d’approvisionnement en énergie verte, sont des solutions sur lesquelles se pencher.

Comme l’indique un rapport de Carbone 4 publié en 2019, l’impact des changements de comportement individuels pourrait stagner autour de 5 à 10% de baisse de l’empreinte carbone. Le reste des réductions, qu’elles concernent l’empreinte carbone ou l’énergie, doit donc passer par une meilleure collaboration entre les entreprises et les pouvoirs publics pour offrir des solutions plus vertueuses aux consommateurs.

Dès lors, l’écologie inclusive passe avant tout par un renforcement de la politique de formation des jeunes générations. Alors que de plus en plus de métiers sont « verts », l’enjeu est de préparer les nouvelles générations à prendre pleinement leur part à cette économie de la transition.

L’idée étant d’avoir des jeunes professionnels issus de tous milieux, formés et concernés par la protection de la planète. Il en va de la crédibilité du projet écologique, mais aussi de sa capacité à susciter l’adhésion de toutes et tous, de façon durable.

Armand de Coussergues